Beauté de l'humanité automnale

Dimanche dernier a eu lieu notre dernière représentation in situ de la saison estivale. Pour cette nouvelle version augmentée* de notre Beauté de l'humanité, nous nous sommes installés toute une journée dans la très belle cour du 52 boulevard Sérurier, dans le 19ème arrondissement. Et un peu plus que ça d'ailleurs car nous étions d'abord passés il y a quelques temps repérer les lieux, puis rencontrer la gardienne, Brigitte, charmante, et enfin, la veille, samedi, prendre nos marques pour le spectacle : régler les entrées, les sorties, les placements sur ce "plateau" qu'allait constituer un espace de goudron entre la pente herbeuse d'un côté et un large trottoir où le public pourrait s'installer de l'autre. Tout autour, un ensemble de bâtiments. Des tas de fenêtres qui pourraient abriter les spectatrices et spectateurs directement depuis chez eux.

Rendez-vous était donné directement dans la cour à 11 heures. En effet, nous proposions le matin un atelier-répétition à qui voudrait bien rejoindre un choeur qui jouerait avec nous l'après-midi. Pour cet événement, nous nous étions associés avec l'Accorderie Paris 19ème, association d'échange de services, qui dispose d'un local juste en face du 52 bd Sérurier. L'appel à participation avait donc été diffusé auprès de ses membres. Nous étions venus les rencontrer en chair, en os et en humanité quelques semaines auparavant lors d'une après-midi karaoké-crêpes comme elles savent si bien en organiser. L'occasion d'expliquer plus précisément notre proposition ("venez jouer avec nous !") et de recruter, donc, quelques participantes et participants. L'information avait également été relayée par les associations voisines Biodanza et Kolone : nous avions besoin de personnes pour former un choeur et besoin de spectatrices et de spectateurs !

Dimanche matin, 11 heures. 9 personnes viennent nous rejoindre. IL FAIT BEAU. On ne dira pas qu'on a eu peur, on SAVAIT qu'il allait faire beau. Tout de même : ouf !

2 heures pour faire groupe, se synchroniser, faire choeur, et répéter quelques moments charnières du spectacle. Nous, Benjamin Balthazar Lebigre et Catherine Richon, créatrice/créateur et interprètes de cette clownerie pré-apocalyptique à base d'urgence climatique, menons la danse. Lucille Cazenave, notre coryphée-en-chef fait office de point d'ancrage du groupe et Rebecca Mini, qui nous rejoint pour la première fois ce jour, remplace notre habituelle super-régisseuse-générale Laura Moretti : lancer les pistes sonores, gérer les accessoires...

Au départ, il ne fait pas chaud. Il est encore tôt. Heureusement, Thomas Lepez, médiateur de l'Accorderie, nous a apporté du café. Mais rapidement, en mouvement, on s'échauffe, on se réchauffe. L'enthousiasme est bien présent, on se réjouit d'avance. Nos injonctions quantiques, "faites comme Lucille / faites ce que vous pouvez" sont étrangement immédiatement comprises et appliquées; ça promet pour l'après-midi à venir.

A 13h, l'essentiel est passé en revue. L'Accorderie nous accueille en son local pour un sympathique déjeuner partagé. Pas trop le temps de traîner.

14h, on se re-mobilise. On se costume : pour nous, nos costumes habituels. Pour le choeur éphémère du jour, du vert, du vert, du vert sur les habits de ce dimanche. On transporte des chaises dans la cour pour le public. On se maquille et déjà, nous y voilà. Les spectateurs, les spectatrices, arrivent. Certain.e.s avaient prévu de venir et s'installent. D'autres sortent ou rentrent chez eux et tombent sur cette "Beauté de l'humanité". Certains restent pour quelques minutes seulement, d'autres jusqu'à la fin.

C'est le choeur qui commence. Première scène : "la vie gavée". ll s'agit de gestuer avec nous cette évocation de nos vies bien trop repues, bien trop consommatrices de ressources naturelles - jusqu'à quand ? Et puis hop hop hop, le spectacle se déroule. Le choeur rebondit sur nos évocations, nos chansons, nos injonctions, nos émotions, il nous accompagne dans nos danses et pour créer des images plus fortes encore.

La magie de cette forme de représentation instantanée, c'est que les personnes qui nous rejoignent dans le choeur découvrent le spectacle de l'intérieur. Ils, elles s'en émerveillent, nous aussi et le public pas moins ! La nécessité du partage, de la solidarité, message final de notre spectacle prend tout son sens dans cette cour, avec ces habitant.e.s, avec nous - sur le plateau ou face à nous. Applaudissements chaleureux. On est mal barré avec le climat mais il y a de l'espoir. Ouf. Encore.

C'était

La beauté de l'humanité, clownerie pré-apocalyptique à base d'urgence climatique

Une pièce proposée par La Générale de Théâtre, conçue et interprétée par

Benjamin Balthazar Lebigre & Catherine Richon, alias le duo DON'T FEED THE CAT

Avec la participation de Lucille Cazenave et Rebecca Mini

Les membres du choeur éphèmère :

Céline, Emmanuelle, Françoise, Latifa, Marie, Philippe, Sabrina, Sonia, Thomas.

13 octobre 2024 au 52 bd Sérurier

En partenariat avec l'Accorderie Paris 19

Avec le soutien de la Préfecture de Paris et de Paris Habitat

Photos : Karin Crona

Voir l'intégralité de l'album-photos : www